Vous êtes ici

Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.

La grenouille des champs est l'une des espèces menacées en Europe que l'on trouve encore dans les sites naturels alsaciens. © Mallaurie Brach / CC BY-SA 4.0

Le palais de justice de Strasbourg, qui accueille le tribunal judiciaire. © Claire Birague

 

De l’éléphant d’Afrique à la grenouille des champs, la disparition de la biodiversité est une affaire mondiale. Le Congrès international pour la nature se tient à Marseille jusqu’au 11 septembre. C’est l’occasion pour les dirigeants, ONG et autres associations de se fixer des priorités vis-à-vis de la biodiversité pour les prochaines années. Mais quelle est la situation en Alsace ? Marc Brignon, directeur du Conservatoire des sites naturels alsaciens, souligne notamment l’importance des zones humides dans la région.

 • L’Alsace est-elle une région dont la biodiversité est particulièrement menacée en France ? 

Oui. Nous sommes dans une région à forte densité de population et avec une activité économique soutenue, donc une artificialisation importante de nos sols. Les zones humides sont les milieux les plus dégradés. Celles-ci disparaissent brutalement à cause du drainage, de l’assèchement des sols et cela va même parfois jusqu'à l'artificialisation complète. Ceci principalement dans les forêts rhénanes, les forêts alluviales le long du Rhin et les rides, qui sont des prairies humides que l’on retrouve par exemple autour de Sélestat.

 • Quelles espèces sont menacées ?

Il y a tout un cortège d’espèces liées aux zones humides. Je pense notamment à la grenouille des champs, une grenouille particulièrement rare au niveau européen, ou encore le butor étoilé et tout une série d'oiseaux qui vivent dans les marais ou les roselières (là où poussent les roseaux, NDLR). 

 • Et comment luttez vous pour le maintien de cette biodiversité ?

La vocation de notre conservatoire est de protéger la biodiversité par la maîtrise foncière. On se porte acquéreur ou locataire, ce qui permet une gestion pérenne pour reconquérir des espaces de biodiversité. 75 % des espèces menacées en Alsace se trouvent sur nos sites, notre intervention permet donc de les préserver. Et parfois, des oiseaux reviennent. On se retrouve aussi à gérer des terrains assez pauvres en biodiversité, comme un champ de maïs, où la nature reprend ses droits facilement et rapidement dès lors que les espaces sont protégés.

 • Quels autres sites souhaiteriez-vous protéger ?

On est en train de réfléchir à la préservation des forêts car elles souffrent du dérèglement climatique. On est gestionnaire de quatre réserves dont trois d’entre elles ne sont pratiquement que des forêts. Lorsqu’on les gère à notre manière, c’est-à-dire par une non-intervention, elles résistent mieux aux évolutions du climat. La nature a des ressources qui lui permettent de mieux encaisser les évolutions climatiques rapides. L’objectif est d’en faire un laboratoire pour voir comment ces forêts évoluent par rapport aux autres et, le cas échéant, en tirer des enseignements.

Laura Remoué et Nils Sabin

 

« La première médecine, c’est dans l’assiette ! » André Domenech, apiculteur amateur alsacien, participe pour la cinquième année consécutive à la foire européenne de Strasbourg. Pour cette 89e édition, les organisateurs veulent mettre à l’honneur les circuits courts et la production locale. Miel, lait, fruits, vins, légumes, confitures... Du côté de l’espace agricole, « tout est 100 % Alsace », se félicitent les représentants de la chambre d’agriculture qui gèrent ce coin d’exposition. Pourtant, sur les 330 exposants attendus, seuls 40 proposent des aliments produits dans la région. 

À quelques pas des 2000 m² réservés à l’agriculture locale, jambons italiens, saucissons espagnols et sirops canadiens ont la part belle. Certains visiteurs s’en réjouissent, comme Gilbert Argenton, retraité, qui vient chercher des produits étrangers « qu’on ne trouve nulle part ailleurs ». Pour d’autres, les exposants régionaux « ne sont pas assez mis en avant », à l’instar de Jeannoda, sachet de mirabelles alsaciennes à la main. Un sentiment partagé par quelques producteurs. Quand on lui demande si le salon lui donne de la visibilité, Patrick Loewert, artisan confiturier, esquive : « C’est mieux que de ne pas venir. »

Promouvoir une démarche locale

Si des badauds déambulent dans les allées des producteurs régionaux un peu par hasard, d’autres sont déjà convaincus. « Acheter près de chez soi, c’est le plus important, c’est même fondamental », affirme Julienne, qui attend son tour au stand des prunes. « L’idée, c’est d’encourager les producteurs, tout en mangeant des produits dont on connaît l’origine », explique la jeune femme. 

Les petits exposants espèrent malgré tout se faire connaître et gagner de fidèles clients parmi les 100 000 visiteurs attendus cette année. « Le salon nous permet de découvrir nos agriculteurs, explique Amandine, en visite avec son amie Floriana. Je n’aurai jamais pu savoir que ce miel [produit par André Domenech, NDLR], était fabriqué à seulement quelques kilomètres de chez moi, à Rosheim ! » s’étonne-t-elle.

L’apiculteur en est persuadé, « les clients viennent et reviennent à la foire grâce à l’espace agricole », qui promeut l’agriculture alsacienne. « Les gens y passent pratiquement tous, déambulent, viennent voir les animaux… » abonde Laurence Loeffer, du stand Bienvenue à la ferme Grand-Est, une association qui rassemble près de 200 agriculteurs de la région. Et cette année est « plutôt prometteuse » selon la vendeuse, qui a écoulé tous ses fruits ce matin. 

Éléonore Disdero et Sarah Dupont

Grace aux Jeux Paralympiques de Tokyo, les yeux du monde sont rivés sur le handisport. Faute de qualification, le basket en fauteuil français n’a pu profiter de cette mise en valeur.

Chez les hommes de la famille de Samir, les relations sont compliquées. Petit, il raconte être battu par son frère et son père. Adolescent, il menace ses proches de mort et est condamné à 18 mois de prison, dont quelques mois sous les écrous. Il n'a plus de droit d'approcher le domicile familial strasbourgeois. Il part pour Nancy, où il dort dans la rue ou dans des halls d'immeuble.

Les relations avec son frère sont particulièrement difficiles. « Entre mes 12 et mes 16 ans, notre relation s'est dégradée. Avant, on faisait des choses ensemble, on allait manger dehors … maintenant les liens sont brisés, il n'y a plus rien à faire. » Il ne lui parle presque plus. Leurs seules interactions sont violentes.

Il y a quelques mois, Samir décide tout de même de revenir chez sa famille. « Je n'avais nulle part où dormir. J'avais honte d'être à la rue à 21 ans. » Retourner auprès de ses parents et de son frère tenait du désastre assuré. Au début, pourtant, la cohabitation se déroule sans problème. Mais, dans la nuit du 4 au 5 septembre, il rentre fortement alcoolisé. Il s'énerve contre sa mère. Son grand frère, de 11 ans son aîné, serait intervenu, le frappant à coups de poings. Samir raconte sortir de chez lui, torse nu, « sans claquettes, sans rien », béquille à la main – il était blessé aux pieds.

Une voisine dit avoir vu le jeune homme tambouriner à la porte avec sa béquille, avant de tenir son frère au cou, frapper sa mère et proférer des menaces de mort à l'encontre de toute sa famille. « Et j'ai fait des pompes et un salto aussi. Vous vous rendez compte de ce que vous racontez monsieur ? » demande Samir au président, qui n'apprécie pas l'attaque : « Vous frisez l'outrage, là. »

La réinsertion plutôt que la prison

Ni le prévenu ni son avocat ne nient les faits. Mais Samir ne veut pas retourner derrière les barreaux : « J'en ai rien à foutre de la prison, mais ça aide pas à se réinsérer … Là, j'ai quelqu'un dans ma tête. Quelqu'un qui n'est pas de ma famille. » Il pense à sa petite amie. Enceinte d'un mois, ils pensent garder l'enfant. Samir veut trouver un travail et passer son permis de conduire, trouver une situation stable. « J'ai compris qu'il fallait faire un choix, soit rester adolescent dans sa tête, soit être responsable … » Le Strasbourgeois ajoute : « Ça faisait 2 ou 3 mois que j'étais à fond, j'avais ma formation pour la fibre optique, j'avais un CDI sûr. »

Tout le long de l'audience, il s'emporte, coupe la parole, insulte son frère. Quand il se calme, il trouve d'autres mots. Il veut « travailler sur lui ». Juste avant le délibéré, il demande une dernière fois « une main tendue » aux juges. « Je ferai les choses bien. La seule main que j'ai vue dans ma vie, c'est quand on m'a accordé ma semi-liberté », dit-il, en référence à sa dernière peine. « Je ne veux aucune vengeance. Promis. » Malgré la récidive, le tribunal l'entend : il est condamné à 4 mois de prison ferme, mais qui sera aménagée sous forme de semi-liberté. « C'est votre fameuse main tendue. Mais, peu importe comment, dormez ailleurs que chez votre famille. »

Emma Bougerol

Les basketteurs français et françaises étaient parmi les vedettes des Jeux Olympiques de Tokyo cet été. Les femmes ont décroché le titre de championnes olympiques quand les hommes ont été récompensés d’une médaille d’argent. Lors des Jeux Paralympiques, la situation était bien différente. Aucune des équipes de basket en fauteuil roulant, masculine ou féminine, n’était présente pour cette compétition, faute de qualification.

À Strasbourg, les associations de handisport ressentent cette même disparité. Au niveau amateur, les sportifs en situation de handicap pâtissent d’un manque de visibilité et de soutien. Membre de l’équipe féminine de France de basket en fauteuil pendant les années 2000, Cennet Eryurt dirige à présent l'AS Tours de Roues Énergie Strasbourg. « On a fait autant d’heures que les professionnels, mais à titre lucratif, on n’était pas valorisé. » Elle le reconnait volontiers : le public a un regard de plus en plus positif et curieux sur le handisport. Mais le gouffre avec leurs confrères valides reste immense. « Certes, on a l’aide de la municipalité mais si on veut que le regard public soit au niveau de la SIG [club de basket professionnel de Strasbourg], on a besoin de plus ». Cennet Eryurt pointe également du doigt le manque de médiatisation comme un souci majeur. « Il y a deux clubs de basket en fauteuil à Strasbourg mais ils ne sont pas valorisés, juge-t-elle. Les journalistes ne s’intéressent qu’à la SIG ».

Des charges à assumer

Pour ce type de club sportif, des aides publiques de l’Eurométropole et la région Grand Est sont essentiels. Ces clubs fonctionnent aussi largement à partir de l’investissement de bénévoles. Leur situation financière peut donc vite devenir précaire. Voilà 10 ans que Denis Artz est membre de l’ASHPA (Association Strasbourg handisport passion aventure). Dix ans que cette dernière a toujours été en quête de subventions. Pour l’instant, le budget est équilibré. Mais organiser des déplacements pour les compétitions, parfois sur de longues distances, a un coût. Un seul fauteuil de basket peut par ailleurs revenir à 6 000 euros, voire le double pour un fauteuil sur mesure. « Il faudrait des partenaires privés mais c’est difficile de toucher des entreprises qui veulent être sponsors », déplore Denis Artz.

Les Jeux de Paris en 2024 pourront-ils changer la donne ? Les associations de handisport rêvent d’un regain d’intérêt. « Je l’espère en tout cas », souffle Cennet Eryurt. De son côté, Denis Artz se méfie d’un seul impact à court terme. « On pourra peut-être bénéficier d’aides supplémentaires mais elles pourraient s’effondrer dans la foulée. »

Emilio Cruzalegui

Le président brésilien vient de prendre un décret pour limiter la modération des réseaux sociaux. Très actif depuis ses débuts sur les réseaux et friand de fausses informations, Jair Bolsonaro est accusé par ses détracteurs d'encourager la désinformation, moins d'un an avant les élections.

 

Le chef d'Etat brésilien aux sept millions de followers sur Twitter et aux quinze millions d'abonnés sur Facebook, Jair Bolsonaro, veut s'attaquer à « la censure » des réseaux sociaux. Face à « la suppression arbitraire et injustifiée de comptes, profils et contenus par les fournisseurs », l'exécutif brésilien aimerait assouplir les règles de modération de ces plateformes. Le décret pris le 6 septembre ne précise pas comment le gouvernement entend contraindre ces géants du numérique.

Du haut de ses 66 ans, Jair Bolsonaro, est loin d'être un millénial mais il est un habitué des réseaux sociaux. Lors de sa campagne en 2018, l'ancien militaire et député a réussi à rassembler des millions d'électeurs par ce biais. Fausses informations, déclarations démagogiques ou insultantes se mélangent aux annonces officielles. Une utilisation des réseaux semblable à celle de Donald Trump. Et tout comme l'ancien président américain, Jair Bolsonaro s'est aussi frotté aux modérations de ces plateformes. En mars 2020, en pleine pandémie, qu'il qualifie de « grippette », il partage des photos et vidéos de lui dans un bain de foule grouillant en train de serrer des mains et d'embrasser ses partisans. Twitter supprime deux de ses tweets, contraires aux consignes de santé publique mises en place. Sur Youtube, c'est une quinzaine de vidéos qui seront supprimées, dont une dans laquelle il compare le Covid-19 au sida.

Qu'il l'utilise pour minimiser la pandémie ou évincer ses détracteurs, les fausses informations représentent un véritable outil politique de « Bolsomito ». Il en vient même a bloqué 176 comptes de journalistes et membres du Parlement en août. Dernièrement, c'est le système électoral par voie électronique qu'il remet en cause sur son compte Twitter. Un moyen de légitimer un potentiel futur échec aux élections présidentielles d'octobre 2022.

Dans ce nouveau décret, le gouvernement entend mettre en place la notion de « juste motif » pour justifier la suppression de contenus ou la suspension de comptes d'utilisateurs. « Son objectif [celui du chef de l’Etat] n’est pas de protéger la liberté d’expression, ce qu’il veut, c’est empêcher que la désinformation et le discours de haine que ses partisans et lui disséminent continuent à être retirés des plates-formes », a réagi Alessandro Molon, député d’opposition et rapporteur du texte encadrant la pratique d’Internet au Brésil.

À l'approche de l'échéance présidentielle, Jair Bolsonaro voit sa cote de popularité dégringoler depuis plusieurs mois. En cause, une gestion calamiteuse de la crise sanitaire avec près de 600 000 morts au Brésil et une crise économique inévitable. Grâce à cette disposition, le président sortant espère user, en toute liberté, de ses outils favoris pour reconquérir les Brésiliens : la démagogie et les fake news.

Iris Bronner

 

Pages