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Myriam et Saran : One Piece, à la vie, à la mort

Bob rose feutré sur la tête et peluche à la main, Myriam tenait à se déguiser en Chopper pour la soirée. La jeune femme ne regarde l’animé One Piece que depuis trois semaines, pourtant, elle connaît déjà l’univers de la piraterie par cœur. Le responsable de sa nouvelle obsession se trouve à côté d’elle et n’est autre que son petit ami Saran. « Il ne m’a pas laissé le choix et m’a dit One Piece, c’est la raison pour laquelle je vis. Si tu veux devenir ma femme il va falloir t’y mettre… Je n’avais pas trop le choix ! », s’amuse la jeune femme en lui lançant un regard complice. « Et puis, il faut dire qu’elle entendait parler japonais au petit-déjeuner, elle ne comprenait rien donc elle en a eu marre », renchérit son copain en riant. La cosplayeuse a dû se mettre au diapason et regarde l’animé en version originale. Travaillant aux Halles à proximité, elle a même pu anticiper l’achat du tome 102 pour son compagnon qui en fait la collection. « J’ai acheté le manga en avance parce que j’étais sûre qu’il arriverait trop tard ce soir pour l’avoir », révèle-t-elle en montrant le poster offert dans l’édition collector du nouveau tome. 

La Première ministre a annoncé, ce mercredi, une série de mesures pour faire face à la hausse du prix du gaz et de l’électricité, à l’approche de l’hiver.

« On va attendre combien de morts avant de réagir ? » assène Christian Prud’homme, secrétaire général du syndicat Force ouvrière Hôpitaux universitaires strasbourgeois (FO-HUS). Au Nouvel hôpital civil (NHC), l’alerte a sonné 19 fois depuis le 1er janvier 2022. Deux fois par mois, une pour chaque épisode de saturation où des patients ont passé plus de 12 heures sur un brancard. La dernière date de mercredi après-midi. La veille, un homme de 81 ans est mort sur son brancard. Il avait attendu 22 heures sans recevoir de soin, et avait été retrouvé inanimé par l’équipe de l’après-midi qui prenait la relève de celle du matin. La faute à un manque de lits, d’organisation, de personnel et de bienveillance hiérarchique, selon le syndicat.

Aux urgences, c’est « le marqueur fort, quand un patient passe plus de 12 heures sur un brancard », appuie Christian Prud’homme. Ce temps écoulé, « on devrait être redirigé vers un autre service ou renvoyé chez soi ».
Le 31 août déjà, selon le syndicaliste, 26 des 40 patients présents ont passé plus de 12 heures sur leur brancard. Rebelote le lendemain. 43 patients étaient pris en charge, dont 25 étaient restés allongés plus de 12 heures. Le service est saturé au-delà de 30 patients. L’un d’eux sera déclaré mort à 14 h 40 dans l’après-midi du 1er septembre. Une enquête judiciaire a été ouverte pour ces deux décès. Sur place, aucun urgentiste n'a souhaité nous répondre.

« C’est vraiment qu’au NHC qu’on a ces problèmes »

Le syndicaliste affirme que ce qui afflige les urgences du NHC va bien au-delà des problématiques connues de l’hôpital public. « On a les mêmes difficultés qu’ailleurs. Mais on a aussi un souci de surcharge, de respect de notre hiérarchie et d’organisation. » Il va plus loin encore, en affirmant que les autres établissements des HUS ne sont pas concernés : « On a subi 12 départs en quatre mois. Aucun autre service n’a connu ça. On a même eu une soignante qui a quitté le service pour l’hôpital de Hautepierre. Ça prouve bien qu’ailleurs, ça va mieux. »

Ces départs entraînent des fermetures de lits, faute de personnels pour prendre les patients en charge. Un phénomène qui a pris de l’ampleur ces dernières années, comme le rapportait Libération en décembre 2021 : en 16 ans, 75 000 lits ont été fermés. Le syndicaliste affirme avoir fait remonter ces problèmes à sa hiérarchie. La direction des HUS, que nous avons sollicitée en vain, a reçu et entendu les doléances des syndicats. « Mais rien n’a été fait », affirme Prud’homme. « La Direction générale repousse ou rejette, pour des raisons qui nous échappent. » Quant au ministère, malgré les nombreux courriers envoyés cette année, le silence est de mise.

Christian Prud’homme avance trois pistes pour éviter la chute, sans prétendre avoir de « solution miracle ». D’abord, mettre en place un gestionnaire de flux qui permettrait, en amont, de prévenir des situations de surcharge pour permettre au service de mieux s’adapter. Ensuite, réorganiser le « pôle paramédical et médical avec une attention portée sur le management », autrement dit, selon lui, un changement hiérarchique. Enfin, mettre en place un « service tampon » qui aurait pour rôle d’alléger la charge des urgentistes pendant les périodes de forte affluence. Dans l’état actuel des choses, il redoute que plus de ses confrères ne quittent le service, faute de pouvoir « exercer leur travail dans de bonnes conditions ».

Amjad Allouchi

Edité par Matei Danes

Aya, pirate fauchée mais heureuse

Beaucoup ont saisi cette occasion pour se déguiser. Aya a jeté son dévolu sur le personnage principal du manga, Luffy : un chapeau de paille orne sa tête et une cape repose sur ses épaules. Sa passion a débuté il y a trois ans, lorsqu’elle est allée voir l’un des films de la franchise au cinéma. « Je suis fan de One Piece ! A chaque arc narratif, on ne sait pas à quoi s’attendre, c’est plein d’émotion », s’exclame la jeune femme de 22 ans. « J’ai vu l’événement sur Instagram, alors je me suis dit pourquoi pas venir. Je ne regrette pas, l’ambiance est incroyable ». 

La strasbourgeoise n’a cependant pas pu acheter le tome 102 en avant-première. « Je n’ai pas assez d’argent pour le moment », plaisante-t-elle avant de partir, sa cape noire voletant dans son dos alors qu’elle rejoint ses amis dans la rue.

Lancé sur les pistes d'athlétisme dès l'âge de six ans, Sébastien Spehler continue de surprendre, en trail comme en running. Photo Libre / Sébastien Spehler

Cet été, le Japon fêtait les 25 ans de la naissance de One Piece, le manga le plus vendu au monde. Le quinzième film issu de l’œuvre sortait également le 10 août et se plaçait à la neuvième place du box-office français. Le manga suit les péripéties d’un pirate avec un chapeau de paille appelé Monkey D. Luffy, à la recherche du « One Piece », un fabuleux trésor convoité par tous les corsaires de la galaxie et qui ferait de lui le « roi des pirates ». 

Selon la société d’étude de marché Gfk (growth from knowledge), si tous les univers graphiques sont en forte hausse ces dernières années, le genre du manga jouit d’une dynamique extraordinaire en France : en 2021, il a bénéficié de +107 % de ventes par rapport à l’année précédente. Une augmentation notamment due à l’engouement par le titre phare One Piece, qui atteignait plus de 4,3 millions d’exemplaires vendus l’année dernière. 

Qui sont les lecteurs de ce bestseller initialement destiné aux garçons adolescents, comme le veut le genre shōnen, auquel il appartient (en opposition au shōjo destiné aux jeunes filles) ? One Piece parvient pourtant à toucher un public plus large. En témoigne la « Nuit One Piece » organisée par l’éditeur Glénat dans plus d’une centaine de librairies en France, mardi 13 septembre. À la librairie japonaise Le Camphrier à Strasbourg, on croisait aussi bien fans absolus que néophytes, et un public de tout âge.

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Hervé est restaurateur, il travaille à 9 heures mercredi matin mais a quand même voulu profiter de la soirée spéciale One Piece jusqu'au bout de la nuit. Photo Cuej.Info / Clémence Blanche

Dimanche 11 septembre, lors du marathon de Colmar, personne ne pouvait résister à Sébastien Spehler. Le coureur de 34 ans a finalisé les 42 kilomètres du parcours en moins de 2 heures 30, un résultat qui améliore de près de six minutes le dernier record enregistré par les organisateurs de l’évènement. Une performance qui peut étonner. Ce n’est que son troisième marathon : « J’en ai juste fait un en France, et un autre en Belgique », précise-t-il. Mais pour l’Alsacien, coureur professionnel de trail, ce résultat est loin d’être une surprise : « Mon record personnel est à 2 heures 22 ! » Car Sébastien a fait ses armes sur les longues distances, au point d’en devenir champion de France de trail long en 2013. Un résultat qui a motivé sa conversion en coureur professionnel. Désormais, il avale en moyenne une centaine de kilomètres à chaque course, à travers le monde entier : « Je préfère les formats de course qui durent entre 6 et 10 heures. Par exemple, en juin dernier, j’étais en Californie pour le Western States Trail, long de plus de 160 kilomètres. »

« La course à pied, c’est mon moment »

Vainqueur des trails des Crêtes vosgiennes, du Ventoux ou encore du lac du Bourget, le palmarès est fourni pour cet amateur de courses à sentiers dits roulants, c’est-à-dire à moindre dénivelé. Un type de course qui tranche toutefois avec le marathon de Colmar, auquel il participait pour la première fois de sa carrière : « Quand j’ai besoin de courir avec plus de rythme, je fais des marathons. L’objectif, c’est alors de maintenir la même allure tout du long ». Un exercice qui peut lui servir en trail, où les montées et descentes sont sources d’irrégularité.

Et malgré ses « seuls » 42 kilomètres, le marathon garde son lot de difficultés : « L’effort est plus court, mais on n’a pas d’appuis souples comme en forêt. Avec le bitume, on finit beaucoup plus abîmé physiquement. Ça demande aussi une récupération plus longue », raconte-t-il. Et il ne faut pas oublier la dimension mentale de l’exercice : « Courir aussi longtemps, c’est toujours un dépassement de soi. Et quand on est athlète professionnel de longue date, ça arrive régulièrement de se remettre en question. » Cette solitude, Sébastien Spehler s’y est habitué dès ses 18 ans : « La course à pied, c’est mon moment à moi, sauf les quelques fois où ma copine m’accompagne à vélo », rigole-t-il.

Un soutien important du public

Pour se prémunir des éventuels dégâts de parcours, le sportif s’impose une certaine rigueur : « Pour chaque marathon, j’organise une préparation plus longue. » Des sessions supplémentaires qui s’ajoutent aux huit entraînements par semaine, qui peuvent pousser le champion à réaliser des semaines à 200 kilomètres. Les exercices peuvent être divers : sorties consacrées à la vitesse, à l’endurance ou encore aux montées. « Sans compter la longue sortie du dimanche », sourit-il. Dans le domaine de l’alimentation, il faut également être très vigilant : « La première cause d'abandon dans les courses longues, c’est l’estomac. Il faut veiller à bien manger. J’évite les aliments trop acides la veille, je préfère un repas classique à base de riz et de viande blanche », assure-t-il.

Mais la participation de Sébastien Spehler à cette course n’est pas totalement le fruit du hasard. Pour ce natif de Colmar, la perspective de sillonner les rues des localités alentours l’a vite motivé : « Certes en trail on peut observer des décors magnifiques en pleine nature. Mais le marathon, c’est un monde à part. On prend plaisir à passer dans chaque village, et recevoir les encouragements du public. » Un aparté dans le programme du coureur, qui repart très bientôt pour de nouvelles aventures. Avec une première étape en France, en octobre, au Festival des Templiers, où il visera un troisième titre. Et en ligne de mire l’Ultra Trail de Cape Town en Afrique du Sud, en novembre.

Quentin Celet

Édité par Loris Rinaldi

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C'est Saran qui a embarqué sa petite amie Myriam dans l'univers fantastique de One PiecePhoto Cuej.Info / Clémence Blanche

Les éditions Glénat organisaient mardi une « Nuit One Piece » pour célébrer la sortie du tome 102 du manga en avant-première. Cuej Info est allé à la rencontre des fans à la librairie Le Camphrier, à Strasbourg.

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