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Un même blocage dans le football féminin
La Ballon d’or 2019, Megan Rapinoe, ses coéquipières en sélection, Ashlyn Harris et Ali Krieger, la Suédoise Magdalena Eriksson, la Danoise Pernille Harder, l’Anglaise Casey Stoney… De nombreuses stars du football féminin ont fièrement annoncé leur homosexualité ces dernières années. Mais très peu en France.
Si l’ancienne capitaine des Bleues, Marinette Pichon, avait fait son coming-out dans les années 2000, la génération actuelle des professionnelles françaises reste dans le silence. Seule la gardienne tricolore, Pauline Peyraud-Magnin, s’affiche avec sa compagne sur ses réseaux sociaux. « Mais elle ne l’a pas fait en jouant en France », réplique Pontes. En effet, la joueuse a quitté le Championnat français en 2018 et a révélé son homosexualité pendant l’été 2020.
Preuve, s’il en faut une, du chemin qu’il reste à parcourir dans le football français : aucun club professionnel de haut de tableau, en Ligue 1, n’a officiellement témoigné de son soutien à Jakub Jankto, près de 24 heures après son annonce.
Luc Herincx
Édité par Luca Salvatore
Des problèmes en tribunes et dans les vestiaires
L’ancienne ministre des Sports Roxana Maracineanu s’était emparé du problème en mars 2019. Choquée par certains chants lors d’un match PSG-OM, elle avait encouragé la LFP à agir. À peine quelques mois plus tard, la FIFA avait abondé dans le même sens en envoyant une circulaire à toutes ses associations membres, appliquée dès la reprise de la Ligue 1 par les arbitres français. Plusieurs matches avaient été arrêtés à cause de chants ou banderoles à caractère homophobe en tribunes.
« Mais comme aucun travail de sensibilisation n’avait été entrepris, ils se sont pris un mur », explique Pontes. Ces mesures avaient provoqué plusieurs critiques, jusqu’au sommet de la Fédération française de football (FFF), dont le président, Noël Le Graët, avait estimé « qu’on arrêtait trop de matches ».
Depuis, certains supporters continuent de manifester leur homophobie pendant des matches du Championnat français, en toute impunité. « L’impact d’un tweet est insuffisant, il faut des mesures beaucoup plus spectaculaires, poursuit le porte-parole de Rouge Direct. Si l’OM avait été sanctionnée [pour les chants contre le PSG] par exemple, ça réagirait. En Angleterre, on a des joueurs qui ont fait leur coming-out [le jeune attaquant de Blackpool Jack Daniels est devenu le premier joueur pro anglais en activité à revendiquer son homosexualité, en mai dernier] parce qu’il y a une tolérance zéro. Il y a des interdictions de stade à cause de certains chants. »
Mais pour Frédéric Davy, président du District de la Sarthe, le problème n’est pas en tribunes : « Je suis homosexuel et les chants dans les stades, je ne les prends même pas comme une insulte, ça ne m’atteint pas du tout. Le problème est sociétal, ce sont surtout les moqueries dans les vestiaires et la peur d’être jugé. » L’exemple le plus tristement célèbre étant celui de Justin Fashanu, un ancien footballeur professionnel anglais qui avait révélé son homosexualité en 1990 avant de mettre fin à ses jours en 1998 après des années de harcèlement.
Si les mentalités semblent évoluer au niveau amateur - « ça commence un peu à se libérer », témoigne Davy -, le problème au niveau professionnel reste le même. « Les jeunes ont peur de louper leur carrière, de ne pas être titulaires, explique le salarié de la FFF. J’aimerais bien qu’un Français évoluant en Ligue 1 parle de son homosexualité, ce serait percutant ! »
FIFA, Ligue de football professionnel (LFP), FC Barcelone, Juventus FC, Premier League, ou même le FC Metz... Jakub Jankto (27 ans) a reçu une pluie de soutien de la part de nombreux acteurs internationaux du monde du football, en dessous de sa publication Twitter dans laquelle il affirme son homosexualité, ce lundi. « Comme tout le monde, je veux aussi vivre ma vie en liberté. Sans peur. Sans préjugé. Sans violence. MAIS avec amour. Je suis homosexuel et je ne veux plus me cacher », explique-t-il dans la vidéo.
Et c’est un évènement. L’attaquant de Getafe (Espagne) prêté au Sparta Prague (Tchéquie) est le premier international européen (45 sélections sous le maillot tchèque) à faire son coming-out. Suffisant pour élargir l’ouverture de la parole à des joueurs d’autres pays européens ? « Absolument pas en France, les conditions ne sont pas réunies », tempère Julien Pontes, porte-parole du collectif Rouge Direct, qui se décrit comme un lanceur d’alerte contre l’homophobie dans le sport.
La LFP a pourtant apporté son soutien à Jankto sur les réseaux sociaux, avec ce message : « Bravo et merci pour ce témoignage Jakub. Homo ou hétéro, on porte tous le même maillot. » Pontes dénonce là une forme d’hypocrisie de la part de l’instance de football française qu’il juge trop passive dans sa lutte contre l’homophobie : « Quel cynisme… Pendant ce temps-là on laisse les supporters marseillais chanter "Il faut les tuer ces pédés de Parisiens" [OM-PSG, 2-1, le 8 février] », ou encore les Stéphanois chanter contre Dijon « Lyonnais bande de pédés » et « on va tous vous enculer » (le 11 février, 2-0).
Le joueur tchèque Jakub Jankto est devenu lundi le premier international européen à revendiquer son homosexualité. Un pas de géant dans ce sport toujours imprégné d’homophobie, et particulièrement en France.
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Les cabinets médicaux sont à nouveau fermés. Après les grèves pendant les fêtes de Noël et le défilé du 5 janvier, la colère est montée d’un cran à l’occasion du début de l’examen de la loi Rist par le Sénat ce mardi 14 février. De nombreux cars ont convergé vers Paris, où les praticiens manifestent pour s’opposer à ce texte, proposant un accès direct du patient aux kinésithérapeutes, orthophonistes et infirmiers sans passer par le médecin traitant, et pour réclamer des hausses de tarifs.
L’accès direct aux paramédicaux remis en cause
Les syndicats s’étaient donné rendez-vous près du ministère de la Santé à Paris pour manifester contre la proposition de loi Rist. Unanimes sur ce texte, ils dénoncent un « démantèlement de la médecine en France » et d’une « destruction de notre système de santé ». Soutenus par l’Ordre des médecins, ils accusent le texte de « mettre en danger la santé » de la population « en contournant la fonction de coordination du médecin traitant ».
Si ce texte est adopté, les patients pourraient se rendre chez les kinésithérapeutes, les orthophonistes et les infirmiers en pratique avancée exerçant dans des établissements de santé sans passer par un médecin. L’objectif ? « Lutter contre les déserts médicaux et améliorer l’accès aux soins », a plaidé la députée Renaissance Stéphanie Rist, provoquant l’ire des médecins libéraux.
« On réagit à la sous-démographie médicale. Le gouvernement a une vision court-termiste », s’insurge Pascal Charles, président du syndicat des médecins du Bas-Rhin. Selon lui, la solution pour un meilleur accès aux soins réside ailleurs : « Il faut diminuer la charge de travail administratif des médecins, notamment en supprimant les papiers que nous devons remplir. » Près de 50 syndicats et associations d’infirmiers, qui soutiennent la réforme, ont dénoncé une « opposition systématique à toute évolution des autres professions de santé ».
L’installation obligatoire dans les déserts médicaux
Autre raison de la colère : une proposition de loi visant à limiter la liberté d’installation des médecins et à les obliger à s’installer dans des déserts médicaux. Porté par Frédéric Valletoux, député du groupe Horizons, allié de la majorité, ce texte a finalement été retiré de l’ordre du jour de l’Assemblée nationale lundi, à la veille de l’appel à la grève.
« Le dialogue est bloqué », a reconnu le rapporteur de la proposition Frédéric Valletoux, qui prévoit de déposer un texte retravaillé d'ici un mois, malgré l’opposition du gouvernement. Dans un entretien au Monde, le ministre de la Santé François Braun a assuré rester « opposé à la coercition à l'installation » des médecins : « Pas par dogme, mais parce que ça ne marche pas. »
Les tarifs de consultations
Après des mois de négociations, l’Assurance maladie a proposé aux syndicats de faire passer le tarif de base de la consultation médicale de 25 à 26,50 euros. Très loin des 50 euros réclamés par le collectif “Médecins pour demain” lancé sur les réseaux sociaux, à l’origine de précédentes fermetures de cabinet début et fin décembre, cette hausse de 1,50 euro a été vécue comme une « provocation » par la profession.
Le directeur de l’Assurance maladie, Thomas Fatôme, a promis d’aller « plus loin » à l’occasion de nouvelles réunions avec les syndicats dès jeudi. Mais les négociations censées aboutir à la fin du mois achoppent aussi sur les contreparties demandées aux médecins. Ils devraient prendre plus de patients et assurer plus de gardes les soirs et les week-ends.
Des exigences assumées par le ministre de la Santé François Braun, qui dit entendre « la colère » des praticiens, « mais aussi celle des Français qui n’arrivent pas à trouver un médecin ». Les grandes organisations syndicales (MG France, CSMF), dont la signature sera incontournable pour renégocier la convention entre les médecins libéraux et la Sécurité sociale fin février, n'attendent pas moins de 30 euros.
Audrey Senecal
Édité par Amjad Allouchi