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La course à la mesure la plus populaire a démarré après l’appel du Président de la République à vendre le carburant à prix coûtant. Sur BFMTV-RMC, le président de Système U, Dominique Schelcher, a été le premier à annoncer plusieurs opérations de vente à prix coûtant, un week-end par mois. Derrière, les enseignes E.Leclerc ont surenchéri avec l’annonce, dès vendredi, de ces fameux tarifs avantageux pour les consommateurs, en proie à l’inflation. Suivi comme leur ombre par Carrefour, l’autre géant des supermarchés. Sur le principe, vendre à prix coûtant signifie que les distributeurs vont vendre leur carburant au même prix (ou presque) qu’ils l’ont acheté. Dominique Schelcher a assuré que cette mesure réduirait les marges de ses supermarchés, « à 2 centimes en moyenne par litre ».
Des marges plus réduites
Deux centimes par litre, c’est la marge des stations-services indépendantes... en temps normal. Par indépendant, on entend une station dont le gérant est mandaté pour vendre au prix qu’il choisit. À ne pas confondre avec les franchises, ces stations-services plus « classiques », où le gérant s’occupe seulement du fonds de commerce, les prix étant fixés par la direction générale de l’entreprise affichée (BP, Total, Eni, Esso…).
Alors cette nouvelle demande du gouvernement de faire un effort sur les prix a du mal à passer. Francis Pousse, président de la branche Station-service et énergies nouvelles du syndicat Mobilians, a fait la tournée des médias depuis une semaine pour partager l’inquiétude du secteur. Il pointe notamment « la pression mise sur les grandes surfaces pour qu’elles mettent en place le prix coûtant. »
La conséquence directe pour les stations-service indépendantes est qu’elles ne peuvent pas suivre cette concurrence à la baisse, leurs marges étant déjà très faibles. « On demande le maintien d’un fonds de compensation sinon on n’aura plus de stations à aider dans la transition énergétique, car elles auront fermé, réclame Pousse, qui ajoute que pour ces petites stations, le carburant représente de 50 à 60% de leurs marges brutes. »
Un problème de rapport de force
À l’inverse, on sait moins quelles sont les marges exacts des plus grands groupes, avec au sommet Total Energies. C’est ce que déplore l’économiste Thomas Porcher, membre du collectif Les économistes atterrés : « Total Energies a fait 20 milliards d’euros de profit l’an dernier, donc il a des marges de manœuvre, alors que pour les distributeurs, c’est très petit, a-il déclaré lui aussi dans C dans l’air vendredi 22 septembre. Mais en réalité, on ne sait pas réellement quelle est la marge. » Pour lui, ce casse-tête autour des prix du marché montre l’échec de l’État, qui « n’a pas su établir un rapport de force avec les distributeurs ou les pétroliers », a-il déploré au Média. En attendant, les stations-services indépendantes, situées majoritairement en zones rurales, doivent pratiquer des prix moins attractifs que les grandes surfaces. La clientèle, qui sont souvent des personnes âgées, voit alors fermer de plus en plus de ces stations qui représentent parfois l’un des seuls commerces de leur localité.
Jean Lebreton
Edité par Max Donzé et Julie Lescarmontier
17 h 45 : Des journalistes russes pro-Moscou ont reçu des têtes de porc
Selon Moscow Times, le 19 septembre dernier, le photojournaliste de l'agence de presse Tass, Mikhail Tereshchenko, aurait reçu une tête de porc de la part d'un livreur. Il n'est pas le seul puisque l'expert militaire Konstantin Sivkov ainsi que le chroniqueur des médias d'Etats, Timofey Sergeitsev, qui avait appelé au meurtre de civils ukrainien, ont eux aussi été victimes de ces menaces.
« On a donné notre vie pour cette boite, et là on se fait jeter. » Ce matin, comme tous les matins depuis 86 jours à Illkirch-Graffenstaden, devant l’usine de mobilier de bureau Clestra où 90 % des 130 travailleurs sont en grève, les bouches sont serrées et les regards crispés. Au lendemain de l’annonce de l’entreprise de se déclarer en cessation de paiement, les ouvriers n’attendent plus rien. Mardi 3 octobre, le tribunal de commerce de Paris devrait enregistrer le dépôt de bilan de l’entreprise. « On est des futurs chômeurs », souffle Philippe (1), délégué syndical et menuisier à Clestra depuis près de 30 ans.
Aucune garantie pour sauver les emplois
« J’ai passé trois mois en grève, ça m’a coûté 6 000 euros pour rien », regrette Éric, 45 ans, mobilisé depuis le premier jour. Après l’annonce de mardi, il en veut à tout le monde, même aux partenaires sociaux. « Si je vais à l’abattoir, tu ne me fais pas brouter l’herbe pendant des mois », dénonce-t-il en pensant à la numéro un de la CGT, Sophie Binet, qui s’est rendue sur le site le 24 août dernier pour soutenir la grève des ouvriers.
À l’origine du mouvement, il y a la reprise de Clestra par le groupe Jestia, en octobre 2022. Les relations avec le repreneur sont tout de suite tendues, les salariés craignent pour leur emploi alors qu’un déménagement de l’activité est prévu au port du Rhin, sur un site beaucoup plus petit. C’est en juillet 2023 que la grève se déclenche. Le déménagement commence, la direction propose des départs volontaires, mais les ouvriers n’obtiennent aucune garantie pour la sauvegarde de leur emploi. Ils soupçonnent le groupe Jestia de simplement vouloir prendre ce qui a de la valeur dans l’entreprise : « Le mec, il a pris les brevets, les machines et voilà », raconte Philippe.
En plus de ces mesures déjà existantes, le gouvernement veut s’attaquer au fléau du cyberharcèlement, qui constitue un axe majeur du plan interministériel. Gabriel Attal prévoit d’interdire l’utilisation des réseaux sociaux pendant 6 mois pour les jeunes reconnus coupables, voire un an en cas de récidive. Il a aussi évoqué la mise en place d’un couvre-feu numérique (de 18 h à 8 h) et la confiscation du téléphone portable pour les jeunes identifiés comme auteurs de cyberharcèlement grave, dès le début de la procédure judiciaire. Le ministère de l’Éducation nationale veut aussi empêcher les moins de 15 ans de s’inscrire sur les réseaux sociaux sans accord parental, au travers d’un texte de loi, adopté par le Parlement en juin dernier. Elisabeth Borne a annoncé la saisine « systématique » du procureur de la République en cas de signalement de harcèlement, notamment grâce à une plateforme dédiée entre l'Éducation nationale et la Justice. En conclusion des mesures, Gabriel Attal lance, « moins de harcèlement et plus de bonheur à l'école ».
Écrit par Esther Suraud
Édité par Jade Lacroix
Gabriel Attal, qui fait du harcèlement scolaire l’une de ses priorités depuis son arrivée à l'Éducation nationale en juillet, s'est rendu au rectorat de Versailles, au cœur d’une polémique après la mort de Nicolas, pour annoncer le slogan phare de ce nouveau plan : « 100 % prévention, 100 % détection, 100 % réaction ». Alors concrètement, quels sont ces trois axes majeurs ?
« 100 % prévention » : s’inspirer de la méthode danoise
En visite au Danemark le vendredi 22 septembre, Gabriel Attal a étudié les mesures de lutte contre le harcèlement scolaire mises en place dans les écoles danoises et dit souhaiter « s'en inspirer ». Le pays scandinave, avec la Suède et l'Islande, est en tête des pays d'Europe où le taux de harcèlement scolaire est le plus bas, selon une enquête réalisée en 2022 par l'Institut d'État pour la santé publique.
Depuis quelques mois, la méthode éducative Fri For Mobberi, qui signifie « libéré du harcèlement », est expérimentée en France. Elle fait son arrivée en septembre dernier dans les écoles maternelles des cités éducatives du XVIIIe arrondissement de Paris et de Saint-Ouen-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Le but est de privilégier la sensibilisation dès le plus jeune âge, notamment à travers des ateliers où les enfants apprennent à être plus à l'écoute avec leurs camarades de classe. Le ministère de l'Éducation nationale prévoit de populariser cette méthode dès la rentrée 2024 avec des « cours d’empathie ».
Gabriel Attal envisage aussi la mise en place d'un temps dédié pour parler du harcèlement dans tous les établissements scolaires : ce sera le 9 novembre, lors de la journée nationale de lutte contre le harcèlement. À cette occasion, deux heures seront banalisé afin de mettre en place des actions spécifiques au sein même des établissements.
« 100 % détection » : repérer et responsabiliser
Pour mieux repérer les situations de harcèlement, l’exécutif prévoit d’élaborer une grille d’auto-évaluation, à tous les élèves du CE2 à la 3e, distribuée le 9 novembre, qu’ils pourront remplir afin de se situer sur une échelle du harcèlement. Cette grille, qui débutera par des « signaux faibles », sera le fruit d’échanges menés avec des spécialistes de l’enfant. Le dispositif Phare (Plan de prévention du harcèlement à l'école) lancé en 2021 dans les écoles et collèges, et généralisé aux lycées depuis la rentrée, sera aussi renforcé. De ce fait, des brigades anti-harcèlement pourraient aussi voir le jour dans les 30 académies de France. Elles seront composées de psychologues et de fonctionnaires formés à soutenir les chefs d'établissement en cas de crise et d’élèves ambassadeurs qui auront un rôle de surveillance au sein des classes. Des cellules dédiées au harcèlement seront mises en place dans tous les rectorats.
« 100 % réaction » : agir contre le cyberharcèlement