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Les rues du village, situé à l’entrée du désert, sont maintenant vides. Dans une ambiance morne, des maisons inachevées, une école, trois hôtels et quelques épiceries bordent la route goudronnée, recouverte par le sable. Les 2 000 habitants du patelin sont issus de la tribu des Zalablya, terme qui, par extension, est devenu leur nom de famille. La légende raconte qu’un ancêtre allait acheter de la nourriture en Palestine, à dos de dromadaire, et avait ramené cette pâtisserie frite, zalablya, qui lui a valu le surnom d’Abou Zalablya.
« La plupart des gens ici n’épargnent pas »
« Nous sommes tout le temps assis comme ça, à fumer la chicha et boire du thé, c’est la même chose chaque jour, pose Salem, 43 ans, adossé au mur de son salon. Toutes les crises nous affectent », regrette-t-il en évoquant l’instabilité dans la région et la pandémie de Covid-19. Propriétaire d’un camping touristique dans le désert depuis vingt-quatre ans, le Bédouin gagne habituellement 40 000 JOD (52 000 euros) par an.
Avant le 7 Octobre, il employait quatorze personnes. Aujourd’hui, ils ne sont plus que six. « C’est plus difficile pour les guides qui travaillent au jour le jour », affirme-t-il en désignant les plus jeunes, installés autour de lui. Tous le sont depuis l’adolescence. Avec ses économies, Salem pense encore tenir quatre mois. Il s’estime chanceux : « La plupart des gens ici n’épargnent pas. » Pour s’en sortir, certains revendent leurs pick-ups, investissement indispensable à leur activité de guide touristique.
Tous et toutes font attention à leurs dépenses. « Nous n’achetons plus de jouets aux enfants et nous adaptons notre alimentation avec des produits moins chers », explique Atyqa, mariée à un guide et artisane dans l’atelier du village. Moins visibles et isolées dans leur foyer, seules quelques femmes comme elle participent à l’économie locale en vendant bijoux et chameaux découpés dans des canettes aux voyageurs et voyageuses. Avant la guerre, elles étaient dix à y travailler tous les jours. Depuis, elles se relaient pour n’être que deux. Atyqa, 30 ans, souhaite à ses cinq enfants de quitter Wadi Rum pour travailler. Pourtant, rares sont les jeunes à partir.
Le 7 Octobre a stoppé net l'afflux d’étrangers dans la zone protégée du désert de Wadi Rum, en Joradnie, où la population autochtone des Bédouins s'était de plus en plus sédentarisée pour répondre à une demande touristique exponentielle. Aujourd’hui, certains attendent le retour des visiteurs tandis que d’autres renouent avec leurs activités nomades ancestrales.
Une vingtaine d’hommes de tous âges sont assis par terre dans un salon. Tous portent l’abaya, ample robe qui couvre l’ensemble du corps. Une théière isotherme et une cafetière traditionnelle trônent au centre de la pièce, dont sols et murs sont recouverts d’une moquette aux motifs couleur sable. Dans un silence presque absolu, un jeune homme se lève tous les quarts d’heure pour remplir les tasses. Les plus âgés consultent leur smartphone dernière génération ou se reposent. Au village de Wadi Rum, les Bédouins attendent que le temps passe.
Huit mois après le début de la guerre à Gaza, ces autochtones du Sud de la Jordanie n’ont plus d’activité. Certains sont retournés vivre dans le désert, d’autres sont restés au village. Les Bédouins représentent environ 10 % des onze millions d'habitants de la Jordanie. Sédentarisée dans les années 1980, une grande partie de la tribu musulmane des Zalablya dépend du tourisme, très développé dans cette zone protégée du Wadi Rum. Or, les visiteurs et visiteuses, inquiètes de la situation géopolitique, ont déserté la région. D’après l’Autorité chargée de la zone économique spéciale d’Aqaba (Aseza), entre mars 2023 et mars 2024, la fréquentation du site a chuté de 61 %.
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