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Trois pistes peuvent éclairer cette augmentation.

Une économie dépendante de l’importation. La Martinique importe 87 % de ses ressources alimentaires. Pour que les produits arrivent sur l’île, il faut compter une quinzaine d’intermédiaires quand la distribution en métropole n’en fait intervenir que 5. À cela s’ajoute le coût du transport, par avion ou par bateau, souvent réfrigéré.

Une concurrence très faible. En Martinique comme dans les autres territoires d’Outre-mer, la distribution est gérée par un nombre restreint d’acteurs. Comme ils sont peu de concurrents, les prix ne baissent pas.

L’octroi de mer, l’impôt qui pèse lourd. Depuis 1670, cette taxe s’applique aux importations en Guadeloupe, Martinique, Guyane, à Mayotte et à La Réunion. Chaque produit a sa propre taxe et elle monte très vite, parfois jusqu’à 50 % du prix. Elle sert en théorie à financer les collectivités locales. Aujourd’hui elles sont, comme l’État, au cœur des critiques des manifestants.

On se serait cru dans une mauvaise parodie. Un juge abasourdi, des avocats dépassés, un public qui oscille entre colère et rire, et deux victimes, qui ne se connaissent pas mais qui, selon l’accusé, mentent toutes les deux. Parmi les huit infractions qui sont retenues contre Yves. E, ce dernier n’en reconnait quasiment aucune. Pourtant, ce 21 septembre à 19h25, c'est bien cet homme de 39 ans qui, près du cinéma Rive-Étoile, a suivi une femme en l'insultant. Quelques minutes plus tard, il a importuné une autre femme et giflé violemment une passante qui le défiait du regard. Lors de son interpellation par deux policiers municipaux, il a sorti un couteau de 15 centimètres, les a insultés et frappés violemment avant d'être placé en garde à vue.

Un prévenu qui nie en bloc 

Mais ce 24 septembre, au Palais de Justice de Strasbourg, lors de son procès en comparution immédiate, rien de tout cela ne semble s’être produit si l'on en croit l'accusé. Derrière la vitre, Yves E., 39 ans, lunettes dorées sagement posées sur le nez, reconnaît seulement avoir suivi la première femme, et avoir mis une gifle à l’autre. Le motif ? "Elle me provoquait, elle se moquait de moi alors que je n’avais rien fait." Concernant les insultes à caractère sexuelles assénées à l’encontre de la première victime, il nie encore et explique que cette dernière, voulait "enflammer l’histoire". 

Face à cet homme qui affirme avec aplomb n’être qu’une victime, le président d’audience finit par élever la voix : "Enflammer l’histoire", répète-t-il, incrédule. "C’est difficile de garder son calme avec vous. Vous pensez qu’elle a voulu venir au tribunal un mardi après-midi pour le plaisir de raconter des histoires ? Elle va tranquillement au cinéma, rejoindre une amie, et s’est retrouvée à avoir peur pour sa vie." 

Sororité entre les victimes

Les deux victimes, qui ne se connaissaient pas, se tiennent désormais courageusement la main sur le banc du tribunal. Tour à tour, elles s'avancent pour raconter à nouveau le traumatisme qu'elles ont subi. À chaque fois, Yves E. les interrompt : "C’est faux", insiste-t-il. Exaspéré, le président finit par donner la parole à la dernière victime avec une pointe d'ironie : "Écoutons donc une autre menteuse". La femme d’une quarantaine d’années, qui avait défié l’homme du regard, s’avance en tremblant au micro. "Depuis que j’ai su qu’il avait deux couteaux sur lui, j’imagine qu’à la place de sa main quand il me gifle, c’est un couteau", dit-elle avant d’exploser en larmes. Plus tard, son avocat saluera son courage : "C’est aussi à nous de lui dire qu’elle a eu raison, malgré ce qu’elle a vécu, de s’interposer. Et que ça ne restera pas impuni."

Un profil "étonnamment dangereux"

Face à la déposition extrêmement détaillée des policiers qui expliquent avoir dû sortir leurs armes pour tenter de neutraliser Yves. E qui les menaçait, le prévenu se contentera de nier avoir sorti un couteau et invoquera la "légitime défense".  Le président d’audience le coupe à plusieurs reprises, avant de lui lancer : "Vous êtes quelqu’un d’étonnant, d’étonnamment dangereux." Face à l’attitude de son client, l’avocat du prévenu semble avoir du mal à le défendre : "La seule chose que je comprends est qu’il est terrassé par la peur. Et, au vu de cette audience, il semble avoir besoin d’un accompagnement psychologique."  Mais la Procureure de la République restera catégorique : "C’est un profil très inquiétant. Et le pire est que Monsieur pense que la rue est à lui". Les juges confirmeront la peine requise pour Yves E. : 2 ans de prison ferme dont 6 mois avec sursis, 2 072 euros pour les deux policiers et 3 000 euros d’amende pour les deux autres victimes.

Fanny Lardillier

Édité par Mélissa Le Roy

À l’autre bord du spectre politique, le député LFI Raphaël Arnault ironise au contraire sur la proximité idéologique entre l’ex-ministre et l'extrême droite : "Ah non là vraiment j'étais pas prêt. Après avoir servi de rampe de lancement au RN c'est maintenant qu'il découvre qu'il y a du racisme en France ? Il s'est fâché avec Emmanuel Macron ? On est en droit d'avoir de plus amples explications".

Le prix des pâtes, du café et du lait est en moyenne 30 % plus élevé en Martinique. Au rayon viande, les coûts explosent. Pour deux steaks hachés, les consommateurs devront débourser 10 euros de plus. Et le différentiel ne se creuse pas seulement dans le secteur de l’alimentation.

 Il y a quinze ans, la différence de prix entre la métropole et la Martinique était de 10 % selon l’Insee. Aujourd’hui, il faut compter 15 %.

Dans le secteur de l’alimentation, le fossé est immense. En moyenne, le panier de courses alimentaires des Martiniquais est 40 % plus cher que le panier en métropole. Webex a passé à la loupe quatre produits du quotidien dans les Leclerc de Strasbourg Esplanade et du Lamentin.

Gérald Darmanin, porte-parole français des difficultés d’intégration des immigrés  ? Libération ne manque pas d’ironiser sur sa "découverte du racisme le jour de son départ du ministère de l’Intérieur". On rappelle que ce fidèle de Nicolas Sarkozy est aussi l’instigateur de la loi "asile et immigration", votée en décembre 2023, saluée par le Rassemblement national et en partie retoquée par le Conseil Constitutionnel.

Jordan Bardella ne s’est pas privé de retourner le stigmate : "Il serait intéressant que Gérald Darmanin explicite ses propos. Qui considère-t-il comme raciste : les habitants de Tourcoing, les membres de l'institution policière, les Français en général ? Cette déclaration est une injure à la France qui lui a tout donné et qui donne leur chance à tous ceux qui la respectent", écrit-il, sur X.

Séquence émotion ce lundi 23 septembre sur le perron de la place Beauvau lors de la passation de pouvoir du ministre de l’Intérieur démissionnaire à son successeur, Bruno Retailleau : Gérald Darmanin évoque ses racines. "Je m'appelle Gérald Moussa Jean Darmanin. Mon père, à la maternité de Valenciennes, voulait écrire 'Moussa Darmanin', du nom de mon grand-père, tirailleur algérien qui avait servi la France (...) Il est assez évident si nous sommes honnêtes, que si je m’étais appelé Moussa Darmanin, je n’aurais pas été élu maire et député et sans doute n’aurais-je pas été ministre de l’Intérieur." 

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