Depuis janvier 2020, les émissions de C02 des véhicules ne doivent pas dépasser 95 g/km sous peine d’amende. Les constructeurs français ont-ils réussi leur transition ? Décryptage.
Selon le groupe PSA, les émissions de CO2 de ses véhicules sont de 93 g/km, soit deux points en dessous de la norme. (Photo_Virgil Schneckenberger)
«Il y a des constructeurs automobiles qui cravachent depuis longtemps pour s’adapter aux nouveaux paramètres du marché. Il y aura des gagnants et des perdants», assure Bernard Jullien, économiste et spécialiste du secteur automobile.
Alors que les véhicules pouvaient émettre en moyenne 130 g/km de C02, le seuil est passé à 95 g/km depuis janvier 2020. Une nouvelle norme pour un objectif : réduire les émissions de CO2 des constructeurs de 37,5% en 2030 par rapport à 2017.
Si les constructeurs ne respectent pas ce seuil, ils s’exposent à de lourdes amendes qui pourraient atteindre plusieurs centaines de millions d’euros. Les consommateurs ne devraient pas être touchés puisque les entreprises n'augmenteront pas leur prix pour compenser les pertes liées à ces amendes.
Toyota, premier de la classe
Evolution des émissions moyennes de C02 des principaux constructeurs automobiles (en gramme par kilomètre)
Toyota reste le leader incontesté des émissions de CO2 avec une moyenne de 94 g/km pour l'ensemble de ses véhicules. (source/Ademe)
Depuis 2017 et l’annonce de la nouvelle règle, les constructeurs français, Renault et Peugeot en tête, ont pris des directions différentes. «PSA fait figure de bon élève. Il va être en mesure de respecter les objectifs des 95 g/km et proposer un catalogue complet aux consommateurs», poursuit Bernard Jullien.
La marque au lion a une stratégie claire : développer des modèles déclinés en versions hybride et essence avant de faire une transition douce vers le tout électrique. Un choix qui permettra au 4e groupe mondial depuis sa fusion avec Fiat Chrysler de rester compétitif tout en évitant les sanctions.
« Renault risque de souffrir »
L’économiste est en revanche plus pessimiste sur la capacité du groupe Renault à faire face à la nouvelle norme : «Renault et Dacia sont à la traîne en partie parce qu’il y a un problème de gouvernance. Le groupe risque vraiment de souffrir commercialement au moins sur les six premiers mois. Les salariés risquent d’en faire les frais.» Pour l'instant, Renault limite la casse grâce à ses modèles électriques et grâce aux ventes de sa citadine : la Zoé.
A l’heure d’un tournant pour le secteur, c’est un autre constructeur européen qui réussit sa transition avec des progrès fulgurants : Volkswagen. Le groupe allemand, qui a fait le pari du tout électrique, devrait rester le leader mondial dans les prochaines années.
Nicolas Robertson
(publié le 19/12/2019)