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Absence de formation et manque de reconnaissance : le métier d’auxiliaire de vie scolaire (AVS) reste très difficile. Le métier n’attire pas alors que les besoins ont triplé en dix ans. Résultat : près de 3 % des enfants handicapés ont fait leur rentrée sans l’aide qui leur est due.

                                           Crédit : SEB, L’indépendant

1900 enfants bénéficient d’un auxiliaire de vie scolaire (AVS) rien que dans le Bas-Rhin. Un chiffre important loin de refléter la réalité de la situation. En effet près d’un mois après la rentrée scolaire, 250 AVS manquent encore à l’appel. Et ce déficit à une conséquence immédiate : près de 3 % des enfants handicapés ont dû faire leur rentrée sans l’aide d’un AVS.

Autisme, handicap moteur ou mental, les pathologies sont très variées. Si certains enfants peuvent se rendre seuls à l’école et n’ont besoin que d’une aide ponctuelle, pour d’autres il est inenvisageable de se passer d’AVS.

Clément a 9 ans. Il est scolarisé en classe de CE2 à Otterswiller dans le Bas-Rhin. Le petit garçon souffre d’une myopathie congénitale : une maladie rare qui paralyse peu à peu ses muscles. Impossible de se tenir droit sur sa chaise sans aide. Impossible également de tenir un stylo, et donc d’écrire. L’aide de son AVS est indispensable.

Et pourtant chaque été, sa maman Stéphanie Muckensturm angoisse : «Pendant tout l’été nous devons constituer un dossier à envoyer à la Maison départementale des personnes handicapées et justifier de tout. Cette année encore nous ne savions pas si nous pourrions bénéficier d’un AVS jusqu’à la veille de la rentrée. C’est usant.»

 

Une promesse de campagne

 

Le manque d’AVS est un problème récurrent à chaque rentrée scolaire. Une injustice pour le collectif Citoyen handicap qui dénonce un manquement à la loi du 11 février 2005 selon laquelle tout enfant handicapé doit avoir le droit de suivre une scolarité́ ordinaire. Un droit qu’Emmanuel Macron avait promis d’assurer lors de sa campagne présidentielle de 2017 : «Nous continuerons à encourager la scolarisation en milieu ordinaire des nombreux enfants aujourd’hui sans solution scolaire. Nous donnerons accès à une auxiliaire de vie scolaire à tous les enfants en situation de handicap qui en ont besoin pour avoir une scolarité́ comme les autres ». Le candidat d’En marche avait alors promis de « pérenniser ces emplois et [de] les stabiliser », ainsi que de leur offrir « une rémunération digne».

Un turn over permanent

Mais si les AVS sont indispensables à la scolarisation des enfants handicapées, le métier n’attire pas. Le collectif citoyen handicap dénonce « l’inaction du gouvernement, qui promet mais refuse d’investir ». Un manque de financement qui se double d’un manque de reconnaissance. Conséquence, il y a très peu de candidats pour beaucoup de demandes, et de nombreux parents doivent renoncer à scolariser leurs enfants. Et s’ils obtiennent un AVS, il faut alors faire face à un turn-over souvent déstabilisant pour l’enfant. En moyenne, un enfant handicapé doit s’adapter à deux, voire trois AVS différents par an.

Une formation quasi inexistante

Un changement qui s’explique parfois par les trop grandes difficultés rencontrées par les AVS sur le terrain. Avec une formation de base de 60 heures seulement, souvent réalisée à distance via internet, beaucoup ne se sentent pas prêts, et abandonnés face aux difficultés. Handicap physique, mental, dépression, agressivité... les pathologies des enfants sont extrêmement diverses. Mais la plupart du temps les AVS découvrent la pathologie de l’enfant sur le terrain, au premier jour de classe. Hélène Brunet a dû tout apprendre par elle-même : « C’est du sur-mesure. Il faut improviser, essayer des choses, et recommencer souvent, jusqu’à trouver le bon truc. Même si Clément ne peut pas écrire, j’essaye de le faire participer au maximum. Mais c’est compliqué car il se fatigue très vite. »

Des femmes en situation précaires.

La durée hebdomadaire de travail est de 20 heures pour un salaire net de 687 euros. C’est ce que l’on appelle du travail à temps partiel imposé, exercé à 90 % par des femmes en situation précaire. Une femme de 50 ans, avec un niveau d’étude souvent inférieur au bac : c’est le profil le plus répandu chez les AVS. Ce choix de métier est souvent donc contraint et reste souvent temporaire. Beaucoup finissent par démissionner ou trouvent un autre travail.

 

Sophie Mercier

(publié le 29/09/2010)

 

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