Des exploitants misent sur la qualité plutôt que sur la quantité. Une démarche que doivent accepter les consommateurs, quitte à payer quelques euros de plus.
« Peu importe les rendements, les producteurs respectueux doivent être mis en avant »
Directeur adjoint de la Fédération européenne de l’agriculture biologique (IFOAM), Éric Gall plaide pour une transition complète de la production alimentaire vers le bio.
Florian Bouhot
- Dans quelle direction la future Politique agricole commune (PAC) doit-elle aller ?
- Nous souhaitons une PAC qui réponde aux demandes de la société pour une protection de nos ressources naturelles et de nos sols. Elle doit encourager l’entretien des paysages, de la biodiversité et doit permettre d’aller vers plus d’agriculture biologique. La PAC doit davantage accompagner les agriculteurs et les pousser vers l’agroécologie. Elle peut financer en partie cet accompagnement mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi une réelle volonté politique de la part des États membres.
- Comment la Commission peut-elle encourager les exploitants à proposer des produits d’une qualité supérieure ?
- L’Europe doit arrêter de subventionner les modèles intensifs. Il est important de diversifier l’agriculture et d’aider ceux qui veulent se lancer dans l’agroécologie. Peu importe les rendements, les producteurs respectueux doivent être mis en avant. Le système doit rémunérer nos agriculteurs en fonction de leur contribution au bien public, des services non-marchands qu’ils rendent à la société. Ces services se matérialisent par la préservation de l’environnement, l’entretien des paysages et la production d’une nourriture de qualité. Notre espoir, c’est que tous les labels de qualité soient bio. Une transition complète de l’agriculture européenne vers l’agroécologie est possible à l’horizon 2050, une étude récente du think tank IDDRI l’a montré. On peut totalement se passer de pesticides, d’engrais chimiques et d’intrants extérieurs.
- Comment convaincre le consommateur de dépenser plus pour manger mieux ?
- Il faut que le consommateur accepte de payer plus cher des produits d’une qualité supérieure. C’est une nécessité pour que les producteurs soient mieux rémunérés. L’équité est un des principes constitutifs de l’agriculture bio. En parallèle, il faut réapprendre au consommateur à faire la cuisine et à ne pas se contenter de produits surgelés. En bio, on a vu émerger beaucoup d’expériences positives. À Copenhague, par exemple, on a introduit 90 % de bio dans les cantines. Par conséquent, on a dû réapprendre aux employés à traiter des aliments frais. Encourager le bio dans les cantines nous semble être un bon point de départ. Cela permet aux enfants d’accéder à une alimentation de qualité et à enclencher une dynamique positive.
Recueilli par Florian Bouhot et Cédric Pueyo